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Un peuple divisé au sujet des castes

« Tous les hommes sont frères » -Gandhi

Le système des castes en Inde suscite énormément de débats au sein du pays. De nombreux membres de la société indienne sont en faveur de cette stricte hiérarchie qui crée une situation inégalitaire. Les castes provenant de la religion hindoue sont entretenues par diverses croyances telles que le Karma ou encore la réincarnation. Les hindous les plus pieux s'accordent donc au maintien de ce système. En effet, Mahatma Gandhi, guide spirituel de l'Inde, dirigeant politique et du mouvement pour l’Indépendance du pays, qui a inspiré la constitution indienne, était contre l'intouchabilité mais favorable au système des castes. 

 

Les croyances de l’hindouisme entretiennent donc ce système et notamment les inégalités qu'il implique, et qui ne sont que temporaires, "le temps d'une vie".

Malgré leur situation déplorable, la plupart des Intouchables ne se révoltent pas contre le système des castes parce que celui-ci est perçu comme résultant de  l'ordre naturel des choses. On observe même que les « intouchables » créent entre eux des catégories qui s'apparentent à des castes. Il existe donc des Intouchables plus « intouchables » que d'autres, ce qui démontre à quel point le système est enraciné dans les esprits.

De plus, le RSS, l’"Organisation Volontaire Nationale" qui est un groupe extrémiste de nationalistes indiens très influent au sein de la société, insiste pour que l'hindouisme soit instauré en tant que religion d'état, c’est à dire que l'Inde soit proclamée nation hindoue avec une identité religieuse et culturelle unique. Le RSS,  soutenu par une large partie de la population, promeut la stricte obéissance au système des castes. Dimanche 03 Janvier 2016, près de 150 000 de sympathisants se sont rendu à un rassemblement dans l'ouest du pays, organisé par le RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh), soit 0,01 % de la population total de l’Inde, qui compte, le 02 Février 2016, près 1 305 645 400. Cela témoigne de la puissance du groupe nationaliste hindou.

 

Cet ordre social hiérarchisé crée des injustices économiques. Les membres des castes supérieures accèdent plus facilement à une éducation de qualité et donc à des fonctions de responsabilités biens rémunérées. La tradition fait que chaque caste est associée à un métier, une profession. Par exemple, les Shutars sont destinés dès leur naissance à devenir charpentier. Max Weber, considéré comme un des fondateurs de la sociologie, explique dans son oeuvre 'Hindouisme et Bouddhisme' que les castes imposent des obligations professionnelles extrêmement contraignantes. La pauvreté en Inde n'est pas seulement une question de revenu, mais aussi de statut. Dans la société hindoue, organisée en castes, la naissance positionne l'individu dans un statut spécifique. En bas de l'échelle sont les « intouchables » et les plus basses castes, condamnés par leur statut inférieur et assignés aux tâches impures et aux travaux agricoles. Ainsi, de nombreux groupe sociaux de niveau social élevé sont en faveur du maintient du système. 

 

 Le système est particulièrement soutenu et maintenu dans l'Inde rurale. Dans les villages, pour protéger cette hiérarchie, le "conseil des anciens" condamne  les mariages entre castes. Voici une vidéo expliquant le problème des mariages entre castes en Inde :

 

De nombreuses enquêtes montrent que la discrimination sur la base de la caste est très fréquente, notamment en milieu rural. On remarque une impressionnante différence entre les milieux ruraux et urbains. En effet, une étude s'intéressant à 565 villages montre que dans un dixième de ces villages, les Dalits ne sont pas autorisés à porter des chaussures, des lunettes de soleil, des vêtements neufs, ou à posséder un simple vélo. De plus, dans la moitié de ces villages, les "intouchables" n'ont pas d'accès libre aux communes afin de se procurer de l'eau potable.

 

La police indienne a publié des statistiques montrant que toutes les dix minutes un crime est commis contre un intouchable. Tous les jours, au moins trois femmes "intouchables" sont violées. Chaque semaine six Dalits sont kidnappés et treize sont tués.

Une femme dalit dit « Ils ont menacé de me bruler vif avec mes enfants. » « Ils ont etranglé mon mari, mes enfants n’ont plus de père »

Une lutte contre la discrimination


“Notre societé n’accepte pas l'égalité entre les Hommes, tant que cela sera ainsi, la politique de discrimination positive continura”
-Singh Saini,Comission pour les basses castes du Rajasthan

La constitution de 1950 prévoit des "disposition spéciales" destinées à rétablir l'égalité des chances et la justice sociale, et à favoriser le progrès économique des hors castes et des tribus. C'est une forme de discrimination positive ; la discrimination positive est le fait de « favoriser certains groupes de personnes victimes de discriminations systématiques » de façon temporaire, en vue de rétablir l'égalité des chances. Cette discrimination positive prend en Inde la forme de quotas. Ainsi, plusieurs sièges de la cour suprême sont réservés aux catégories "arriérées" (intouchables et tribus). Les catégories arriérées bénéficient également de quotas dans l'éducation (une admission favorisée et des places spécialement réservées) et dans les emplois publics.

Actuellement, 15 % de l’ensemble des places dans les collèges et les universités sont réservés aux dalits, et 7,5 % aux tribus.

 

Cependant, la discrimination positive était largement considérée comme juste tant qu’elle était réservée aux seuls exclus de la société, les intouchables et les tribus. Depuis 1993, le dispositif a été élargi à l’importante catégorie des basses castes, qui représentent la moitié de la population. Cet élargissement de la discrimination positive a engendré la frustration d’une partie importante de la population. Aujourd’hui, certains cherchent le déclassement vers les catégories bénéficiant de quotas très avantageux.

Certains membres des groupes persécutés ont réussi à développer une identité politique forte. Ambedkar a été le premier intouchable à avoir étudié à l'étranger ; il fut le principal rédacteur de la Constitution de l’Inde mais aussi l'initiateur du "mouvement dalit", un mouvement de lutte contre le castéisme. 

 

Depuis, de nombreux mouvements sociaux dénoncent les inégalités et les violences que le système de castes engendre. Les "Dalit Panthers" sont une organisation, inspirée par les  fameux "Black Panthers" aux Etats-Unis, qui lutte contre l'intouchabilité. Elle déclare à travers un manifeste que  " l'intouchabilité est la forme la plus violente de l'exploitation sur la surface de la terre, qui survit à l'évolution constante des formes de structure de pouvoir". Elle déclare également : "un Dalit est un intouchable, mais il est aussi un travailleur, un ouvrier sans terre, un prolétaire. Etsi nous ne renforçons pas cette unité révolutionnaire croissante de la plupart avec tous nos efforts, notre existence n'a pas d'avenir."

Ainsi, grâce à des organisations tel que les "Dalit Panthers", les intouchables arrivent à se faire entendre au sein de la vaste population de l'Inde.

Enfin,, afin de contourner les inégalités, de nombreux intouchables mais aussi des membres de basses castes se sont convertis à une autre religion. C'est une solution pour sortir de leur état. Les Etats du nord-est de l'Inde comme le Nagaland ou encore le Tripura, peuplés majoritairement de tribus (hors-caste), sont christianisés à 90%. En 1956 le Docteur Ambedkar se convertit au bouddhisme ; cette décision va entrainer la conversion au bouddhisme de centaines de milliers de personnes.

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